Le couple, mode d’emploi : Partie 2

Voici la deuxième partie de la chronique du livre “Le couple, Mode d’emploi” d’Harville Hendrix

Cet article a été écrit par Anthony P, Conseiller Conjugal et Familial (son site : www.silsuffisaitdaimer.com)

La première partie de la chronique se trouve ici : Partie 1 – Le couple, mode d’emploi

Le couple, mode d’emploi : Partie 2 – Le mariage conscient

Après avoir expliqué les mécanismes inconscients en jeu dans le couple (de la rencontre aux premières crises), Harville Hendrix nous dévoile dans les 7 chapitres suivants les outils à acquérir pour affronter et dépasser ces crises.

6. Devenir conscient

Il s’agit de nous voir (l’autre et nous) tels que nous sommes vraiment, afin de nous rechoisir ou nous séparer en connaissance de cause.

Il faut pour cela vaincre un obstacle non négligeable : la peur du changement (rappelons que l’inconnu représente un danger pour le « vieux cerveau »).

Il faudra donc parvenir à une alliance entre :

  • les pulsions instinctives du « vieux cerveau » (visant sécurité, guérison et complétude)
  • l’intelligence raisonnée du « nouveau cerveau » (apprendre à voir le partenaire tel qu’il est, exprimer nos besoins, retrouver la complétude en soi plutôt que la chercher chez l’autre…)

7. Fermer les issues

Cette étape indispensable consiste à ne plus fuir l’intimité avec l’autre par divers échappatoires (travail, enfants, problèmes de santé, dépendances…) afin de mettre plus d’énergie dans la relation qu’en dehors.

En effet, nous avons vu que la relation de couple rouvre des blessures refoulées de notre enfance.

Le réflexe de fuite face à l’anxiété que cela génère est donc normal.

L’inconscient ne cherche qu’à nous protéger de la souffrance.

Il s’agit donc de prendre l’engagement de rester ensemble au cours d’un travail suffisamment long (3 mois par exemple) tout en fermant progressivement les issues mentionnées plus haut.

Au terme de cette échéance, chacun sera libre de partir.

8. Créer une zone de sécurité

couple mode demploi imago couple qui danse

En multipliant les interactions agréables, le vieux cerveau va commencer à percevoir à nouveau l’autre comme source de plaisir et de sécurité plutôt que de souffrance.

Comment s’y prendre ?

  • En partageant des activités amusantes, spontanées, des plaisirs enfantins à 2 (fous rires, danser, chahuter, se défouler…)

Un obstacle étonnant peut se présenter : la peur du plaisir.

En effet, l’enfant apprend souvent à limiter son plaisir (exigences de sécurité, normes sociales…)

Le plaisir total peut parfois avoir pour conséquence la répression ou la douleur…

D’où certaines difficultés, une fois adulte, à recevoir des plaisirs pourtant demandés !

  • En échangeant une liste de plaisirs précis que chacun peut faire à l’autre.

On réalise alors que l’autre

    • n’a pas forcément les mêmes besoins / plaisirs / attentes que nous
    • ne nous prive pas volontairement de plaisir. Il/elle n’est pas censé les deviner : nos besoins ont plus de chance d’être comblés s’ils sont verbalisés.

L’essentiel est ensuite de réaliser certains de ces plaisirs chaque jour, sans attendre de contrepartie.

Ces gestes d’attention évitent le « donnant-donnant » et renvoie à l’amour gratuit, inconditionnel, de nos parents.

9. Connaître l’autre, se connaître soi-même

Pour cela, on peut se baser sur les critiques qui circulent dans le couple : elles ont toujours un fondement réel, même partiel, concernant la personne visée. Mais elles révèlent aussi chez celui qui les formule :

  • ses propres besoins inassouvis

Quel sentiment plus profond (peur, colère…) se cache derrière sa critique ?

Quel besoin inassouvi de sa propre enfance cela révèle-t-il ?

  • une partie de son moi renié (cf. Partie 1, chapitre 2)

Dans quelle mesure cette critique le concerne aussi (autre manière d’être désordonné, jaloux…) ?

  • une partie de son moi perdu (cf. Partie 1, chapitre 2)

S’il n’a vraiment rien de ce trait, c’est peut-être finalement qu’il l’envie parce qu’il l’a perdu (insouciance, sociabilité…)

On doit également « nettoyer » les canaux de la communication. Il faut savoir :

Que met-on derrière tels ou tels mots (sa propre expérience, son histoire familiale…) ?

  • qu’on est souvent dans le déni.

On refuse de croire / d’entendre ce que dit le partenaire (par exemple « Je ne veux pas d’enfants pour le moment » : on l’épouse quand même, puis on lui en veut pour ça)

  • qu’on entretient les illusions qui nous arrangent, quand son comportement va à l’opposé de nos intérêts.
    • on le condamne (« Tu es ingrat d’agir comme ça« )
    • on l’éduque (« Ce que tu penses vraiment, c’est…« )
    • on le menace (« Si tu ne changes pas…« )
    • on l’ignore (« Intéressant, mais comme je te disais…« )
    • on l’analyse (« Si tu es ingrat, c’est que petit…« )
  • qu’on répond souvent à l’impact du message de l’autre plutôt qu’à ses mots réels.

Une remarque anodine nous fera par exemple exploser à cause de la blessure refoulée à laquelle ces mots auront involontairement fait écho.

Pour encourager une communication plus ouverte et respectueuse, l’auteur nous propose d’associer les principes de « miroir / validation / empathie« .

Quand l’autre nous dit quelque chose sur un problème donné :

  • reformuler en miroir (pour s’assurer d’avoir bien compris le message)

« Si j’ai bien compris, tu (…) parce que (…). C’est bien ça ?« 

  • valider son message (montrer qu’on le comprend… même si on n’est pas d’accord !)

« OK, je peux comprendre ta logique / tes sentiments« 

  • montrer de l’empathie (imaginer ce qu’il ressent si ce qu’il dit est vrai)

« Dans ce cas, j’imagine combien tu te sens (triste, vexé…), en effet.« 

  • Répondre en formulant notre vision, nos sentiments et en commençant nos phrases par « je« 

« Pour ma part, j’ai dit ça / je fais ça parce que (…). Dans ces cas-là, je me sens (…) »

Cet exercice forcément maladroit, artificiel ou fastidieux au début, pourra s’alléger au fur et à mesure qu’il deviendra une habitude.

On aura moins tendance à réagir et plus à dialoguer (dans le vrai sens du terme).

10. Etablir votre programme

Deux partenaires qui se sont choisis peuvent se détruire ou se guérir selon leur refus ou leur volonté personnelle d’évoluer.

Pour établir son programme d’amélioration, un couple peut dresser une liste des changements de comportements souhaités réciproquement.

Ceci sans obligation de les réaliser, mais pour que chacun sache bien quoi faire s’il désire évoluer.

Ces listes révèlent souvent les besoins ou blessures d’enfance du demandeur, et la liberté laissée à l’autre l’encourage généralement à essayer d’y répondre.

Il y a bien sûr des résistances personnelles à vaincre pour cela.

Mais chercher à combler les besoins de l’autre en changeant pour cela notre façon d’agir (le seul pouvoir que nous ayons) a des effets bénéfiques sur… nous-mêmes.

En effet, le vieux cerveau est coupé du monde.

Il ne fait pas la différence entre nos comportements et ceux venus de l’extérieur.

Il considère donc que tout comportement est dirigé vers lui.

Nous sommes donc autant les bénéficiaires de notre propre générosité que les victimes de notre propre agressivité.

Concentrer son énergie sur la guérison du partenaire est par conséquent le meilleur moyen… de se guérir soi-même !

11. Contenir sa rage

Afin d’y parvenir, l’auteur explique comment nous en libérer sans causer de dégâts, selon le principe du contenant.

Il s’agit d’exprimer notre colère ou notre frustration

  • uniquement en mots
  • par rapport au comportement (non à la personnalité) de l’autre.

Ce dernier essaiera alors de l’accueillir sans enclencher ses défenses réflexes, en comprenant que chaque colère exprime un besoin inassouvi de l’enfance.

12. Portrait de deux couples

Dans ce dernier chapitre, Harville Hendrix brosse en 34 pages le portrait de deux couples qui illustrent et recoupent tous ces principes.

Le couple, mode d’emploi : Partie 3 – Dix pas vers un mariage conscient

L’ouvrage se termine par un programme en 10 étapes et 16 exercices.

Le couple y est guidé pas à pas pour appliquer tous les principes évoqués et avancer ensemble sur le chemin d’une relation plus harmonieuse.

Mon avis sur “Le couple, mode d’emploi”

Les points forts

  • le style clair et parfaitement accessible
  • l’explication de 2 points clés de la relation de couple : le mystère de l’attraction et les mécanismes de répétition.
  • le concept, inédit pour moi à l’époque, de l’imago : cette image composite de plusieurs personnes – et non une seule – qui nous guide dans la recherche du partenaire idéal.

Les points faibles

  • Je n’en vois qu’un seul : le côté extrêmement ambitieux du programme proposé à la fin, qui correspond à une véritable auto-thérapie de couple et que très peu de lecteurs auront, à mon avis, suivi jusqu’au bout sans accompagnement extérieur.

Avant de nous quitter, dites-moi quel outil présenté dans cette 2e partie vous semble le plus important ou serait le plus efficace en ce qui vous concerne.

Et si vous en avez déjà testé un ou comptez le faire, partagez votre expérience ici : cela bénéficiera à tout le monde !

Photos de Philippe Leroyer

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